Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/250

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l’étreinte suprême de John Bond. Ils étaient ensemble sous l’eau. L’un s’était noyé et avait emporté avec lui le bonheur de la femme qu’il aimait. Lui, avait été sauvé, et la vie d’une autre femme s’était éclairée de rayons de soleil. Pourquoi l’un plutôt que l’autre ?

« Vous avez raison, je pense, dit-il après une longue pause. Bonheur et souffrance sont les seuls mots qui aient ou devraient avoir une signification. Le reste… est affaire d’opinion, de goût, de mode, de tout ce que vous voudrez, excepté de cœur.

— Constance vous dira que le bien et le mal sont les deux mots importants, dit Grâce. Elle vous dira que le vrai bonheur consiste à pouvoir distinguer entre les deux et que la souffrance vient de ce que l’on confond le mal avec le bien.

— La religion ne nous impose pas de ne rien sentir ? dit George.

— Non, pourtant c’est en quoi semble consister la religion pour ceux qui n’ont jamais rien éprouvé. Méprisez vos chagrins et vos joies, qui sont sans aucune importance à côté du salut de votre âme. Peu importe qui vit ou meurt, qui se marie ou est trahi, pourvu que vous preniez soin de votre âme, de votre misérable, indigne et égoïste petite âme et que vous la conduisiez saine et sauve au ciel ! Mais je ne sais pas pourquoi je vous dis tout cela, peut-être à cause du soulagement que j’éprouve à pouvoir parler avec quelqu’un qui me comprenne. Quand vous mariez-vous ?

— En novembre, j’espère.

— À propos, que pensera M. Craik de ce mariage ? Il fera probablement quelque chose pour Mamie.

M. Craik est mon ennemi, dit George. Je n’ai