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— Eh bien ! quand il aura quarante ans, il sera aussi rond et aussi frais que Sherry Trimm.

— Vraiment ? demanda la jeune fille avec une certaine froideur.

— Probablement, puisqu’il sera riche et heureux. La rotondité morale et physique est l’attribut naturel de la richesse et du bonheur. Ce sera même regrettable pour Johnnie qui est un très bel homme.

— Il y a des choses qu’on ne peut éviter, dit Grâce avec indifférence. Mais qu’entendez-vous par la rotondité morale ?

— L’art spirituel d’avoir toujours raison. »

À cet instant Totty, qui avait dit tout ce qu’elle avait à dire à Constance et ne désirait plus que le répéter à Grâce, fit un mouvement et un signe de tête à son cousin.

« Venez prendre ma place, George, dit-elle, je prends la vôtre. »


George se leva bien à contre-cœur et traversa le salon. Il y avait quelque chose dans les manières de Grâce qui lui donnait du courage et il s’était senti tout de suite à l’aise avec elle. Il fallait cependant aller rompre de nouveau la glace avec l’autre sœur. Différent de Mme  Trimm, il n’éprouvait pas le besoin de se répéter et était un peu embarrassé de la façon dont il allait entamer la conversation. À sa grande surprise, cependant, sa nouvelle compagne le soulagea de toute responsabilité à cet égard.

« Que faites-vous, monsieur Wood ? demanda Constance Fearing lorsqu’il fut assis auprès d’elle.

— Rien… » et pas même gracieusement.

Constance ne se mit pas à rire en le regardant, car il y avait quelque chose de sérieux et d’amer dans la façon dont il parlait.

« Pourquoi ne faites-vous rien ! demanda-t-elle.