Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/306

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compte de sa position et de son importance, en battant du tambour sur le carreau avec ses ongles. Il essaya de penser aux changements inévitables dans un avenir immédiat, à sa vie dans une autre maison, à ce qu’en penseraient ses anciennes connaissances, entre autres Johnson. Ce nom en lui traversant l’esprit lui rappela sa carrière, son roman et le chapitre inachevé qui était sur la table derrière lui. En un instant son cerveau retourna au point ou il avait été interrompu. Tom ; Craik, Sherry Trimm, le testament, les millions disparurent dans les ténèbres, et, avant même de s’en être aperçu, il s’était remis à écrire.

Les jours étaient courts et il fut obligé d’allumer la vieille lampe à abat-jour vert qui lui avait servi pendant tant d’heures de labeur et d’étude. C’était une action purement machinale et qui n’interrompit pas le cours de ses pensées. Il écrivit résolument jusqu’à la fin, signa son nom, et data le manuscrit avant de se lever. Puis il étendit les bras, bâilla, regarda à sa montre, revint à la table, et arrangea avec soin les dernières feuilles avec le reste et mit le tout dans un tiroir.

« C’est fini ! dit-il tout haut d’un ton de profonde satisfaction. Maintenant je puis penser à autre chose. »

Là-dessus, sans même songer à se reposer après le terrible effort qu’il avait soutenu pendant dix jours, il commença à s’habiller pour le soir avec un soin scrupuleux et descendit pour dîner. Il trouva son père à sa place accoutumée devant le feu, lisant comme à l’ordinaire et tenant fermement son lourd volume devant les yeux.

« J’ai fini mon livre ! cria George en entrant.

— Ah ! j’en suis charmé. Veux-tu dire que tu as écrit tout l’après-midi depuis que M. Trimm est parti ?