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— J’ai une proposition à vous faire, dit George. Mon père est un bien meilleur homme d’affaires que moi. Ne pourriez-vous me dire en chiffres ronds sur quoi je puis compter, et puis examiner ces papiers avec lui ?

— En chiffres ronds, oui, répéta Trimm d’un air réfléchi. Tom administrait lui-même une grande partie de sa fortune. Je pense que je pourrais vous le dire à un million ou deux près.

— Un million ou deux ! » s’écria George.

Sherry Trimm rit de son intonation.

« Vous êtes immensément riche, dit-il tranquillement. L’évaluation de la succession varie entre douze et quinze millions de dollars.

— Tout à moi ?

— Lisez le testament. »

George n’ajouta rien, mais il se mit à arpenter la chambre avec agitation. Il avait horreur de tout ce qui s’appelait argent et n’avait qu’une idée très relative de sa valeur, mais il était abasourdi par l’énormité de la fortune qui lui tombait si subitement entre les mains. Il comprenait maintenant l’expression qu’il avait vue sur la figure de son père.

« Je n’avais aucune idée du chiffre, dit-il enfin. Je pensais que ce pouvait être un million.

— Un million ! dit Trimm avec un rire dédaigneux. Un million, mais ce n’est rien de nos jours. Tout homme qui s’habille bien a un million. Il n’y a pas un habitant de la Cinquième Avenue qui en ait moins d’un. »

Une heure après, George était de nouveau dans sa chambre.

Pendant quelques minutes il resta devant la fenêtre à regarder le vieux mur de briques, mais ses idées étaient vagues. Il avait peine à se rendre