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de l’absence de la plus jeune des deux sœurs, ayant trouvé avec celle-ci la conversation plus facile et plus sympathique.

La maison lui parut moins sévère que la première fois ; la disposition du mobilier avait été changée, il y avait des fleurs dans les vieux vases et plus de livres et de petits bibelots épars sur les tables.

« Je commençais à craindre de ne plus vous revoir ! » s’écria la jeune fille en lui tendant la main.

Cet accueil avait quelque chose de simple et de franc qui mit George à son aise.

« Vous êtes trop bonne, répondit-il, mais j’avais peur même aujourd’hui de venir trop tôt.

— Au contraire, répliqua Constance.

— Le calcul est cependant bien simple. À une visite par quinzaine, cela donne, au bout de l’année, un total de vingt-six, avec une fraction en plus pour l’année bissextile. Cela ne vous épouvante-t-il pas ?

— Je n’ai pas la bosse des mathématiques et ne regarde pas si loin. D’ailleurs, comme nous nous absentons pendant six mois d’été, vous ne nous en feriez pas tant.

— J’oubliais que tout le monde ne reste pas en ville toute l’année. Vous irez probablement encore à l’étranger ?

— Pas cet été, » répondit Mlle Fearing un peu tristement.

George lui jeta un rapide coup d’œil, il avait compris la raison de cette mélancolie et trouva assez naturel que le souvenir de la mort récente de leur mère empêchât pendant quelque temps les deux sœurs de retourner en Europe. Il se demanda alors combien il y avait de véritable chagrin