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— Comment voulez-vous, mademoiselle, que je sois suffisamment maître de moi pour dissimuler les sentiments que j’éprouve en ce moment ? Vous ignorez que le vieux Tom Craik a ruiné mon père ? Vous ignorez qu’après cela, il a laissé attaquer sa réputation, quoique mon père fût aussi honnête que la lumière du jour, et que lui, Craik, fût le voleur ? Cela peut vous sembler mélodramatique, mais n’en est pas moins l’exacte vérité. Vous attendez beaucoup trop de la nature humaine, mademoiselle, et je regrette d’avoir été dans l’obligation de tromper votre attente.

— Vous devez évidemment ressentir tout cela fortement… J’ignorais ces détails, autrement je n’aurais rien dit. Je voudrais que tout le monde pût pardonner… C’est si bon de pardonner !

— Oui… assurément, avoua George. Pardonnez-moi d’abord, je vous en prie, puis dites-moi ce que vous savez de ce digne M.  Craik.

Mme  Trimm semble penser que c’est une maladie nerveuse… maladie à la mode aujourd’hui.

— Est-elle vraiment désolée ? demanda George avec un air d’intérêt.

— Elle m’écrit qu’elle ne le quitte pas.

— Elle ne le quittera pas… jusqu’à… »

George s’arrêta court.

« Qu’alliez-vous dire ?

— J’allais faire une remarque sur les volontés humaines en général et sur celles des mourants en particulier. Mais c’est aller contre vos ordres.

— Je crois qu’en tout cas elle héritera de la fortune, observa Constance en réprimant un sourire, comme si elle sentait qu’il ne serait pas d’accord avec le ton qu’elle avait pris auparavant.

— Puisque vous abordez le côté pratique de la question, je pense effectivement que Totty hérite-