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parle pas, cela ne lui fait pas de mal… ni à moi non plus, à ce que je crois.

— Je ne sais pas. Il me semble, en tout cas, qu’il y a une certaine indélicatesse à encourager un homme, pour le planter là ensuite quand il ne peut plus se taire.

— Je n’avais pas encore compris, ma chère, que tu discutais dans l’intérêt de M. Wood.

— Non, n’en crois rien, répliqua Grâce en riant. Je suis même assez cruelle pour espérer que tu seras désagréable avec lui avant qu’il se soit offert. Mais tu es une petite personne tout à fait impénétrable, Conny, et je donnerais je ne sais quoi pour découvrir ce que tu penses réellement. »

Constance ne répondit pas, mais sourit légèrement et se remit à lire, comme si elle ne se souciait pas de continuer la conversation. Grâce n’insista pas pour la renouer.

C’est vers cette époque que se passa un incident qui devait avoir une importance décisive sur la vie de George Wood. Un après-midi de mai, George descendait la Cinquième Avenue pour se rendre à Washington Square quand il se trouva tout à coup face à face avec le vieux Thomas Craik qui sortait d’un club.

Le vieillard n’était pas aussi droit qu’avant sa maladie, mais il était beaucoup moins cassé que George ne l’avait supposé. Il avait l’habitude, avec ses yeux perçants, de regarder curieusement le visage des passants et frappait à chaque pas sa canne par terre avec un coup sec. Avant que George eût pu éviter cette rencontre, comme il l’eût instinctivement fait s’il en avait eu le temps, il se sentit enveloppé par le regard inquisiteur de son parent. Il n’était pas sûr que ce dernier le reconnaissait, mais la chose était possible. Dans