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prononça cet aveu qui l’étouffait depuis longtemps, mais dans la chaleur même de sa voix il y avait encore du calme. Il l'aimait, c’est vrai, mais d’un amour qui tenait plus de l’admiration que de la passion. Les perceptions plus délicates de la jeune fille devinaient cette différence sans la comprendre.

Constance ne répondit rien, mais elle se leva, après un moment de silence, et alla regarder les objets qui se trouvaient sur la cheminée. George se leva aussi, et s’approchant d’elle pour essayer de voir son visage :

« Êtes-vous fâchée ? demanda-t-il doucement. Vous ai-je offensée ?

— Non, je ne suis pas fâchée, répondit-elle. Mais… mais… pourquoi avoir parlé ?

— Vous ne m’aimez donc pas du tout ? Vous ne tenez pas à ce que je vienne, alors ? »

Elle eut pitié de lui, car son désappointement était sincère et elle savait qu’il souffrait, quoique ce ne dût pas être grand’chose.

« J’ignore ce qu’est l’amour, dit-elle d’un air pensif. Je suis heureuse de vous voir,… je m’intéresse à ce que vous faites,… mais je n’éprouve pas… ce qu’on doit éprouver quand on aime

— Peut-il se faire qu’un jour vous ayez de l’amour pour moi ?

— Peut-être. Je ne saurais dire. Je vous connais depuis bien peu de temps.

— Il me semble qu’il y a longtemps ; mais vous me donnez plus que je n’avais le droit de demander, … vous me permettez d’espérer. Je vous remercie de tout mon cœur.

— Il n’y a guère de quoi me remercier. Je n’en pense pas plus que je n'en dis… »

Puis, tournant la tête et Je regardant fixement :

« Et je ne vous promets rien.