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Page:Cremieux - .Femmes ecrivains d aujourdhui.djvu/102

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Jamais il n’a eu le regard flottant, incertain des nouveau-nés, il semblait tout de suite observer les choses. Et il aime déjà notre beau ciel de Naples ! Quand il pleure dans sa chambre, je n’ai qu’à l’emporter sur le balcon et à m’y asseoir avec lui ; ses yeux se tournent ravis vers le ciel, il reste longtemps, longtemps tranquille. Et moi, j’ai les larmes aux yeux en le regardant. »

Gaëtano grandit, on fonda sur lui de merveilleuses espérances[1]. Charlotte vécut heureuse, entourée d’un cercle d’amis, gens de lettres et gens de la plus agréable société italienne, qui l’admiraient, encourageaient son travail. Et en 1892, à quarante-trois ans, pendant qu’elle travaillait avec ardeur au roman intitulé Etroit horizon, elle sentit un frisson de fièvre. À l’instant, elle en eut la vision : c’était la mort qu’elle avait redoutée !

Mais cette impression s’effaça, elle continua son travail, et à son mari qui la pressait de se coucher, elle dit :

— Mais j’ai encore tant à écrire, où trouverais-je le temps pour tout cela ?

Elle mourait cinq jours après, consciente de la mort et courageuse, ayant pour tous ceux qui la soignaient des paroles de douceur et de bonté.

  1. Ce jeune homme fait actuellement ses études à l’Université de Stockholm.