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Pourtant, inconscient de ses maladresses, Gustave espère le pastorat, et la mère mourra dans cet espoir trompeur. Quand le pauvre coadjuteur, après de dures mésaventures, arrivera tout honteux conter aux siens sa déception nouvelle, il trouvera les sœurs, éplorées comme de petites filles abandonnées, qui lui conteront la mort de la vieille mère :

« Elle a dit : Est-ce mon fils le pasteur qui arrive ?… Et elle s’est endormie. »

Alors, le pauvre Gustave qui, dénué d’ambition, souffrait surtout à l’idée de la déception maternelle, s’écrie au milieu de ses larmes :

« Elle est morte dans son illusion ? remercions Dieu ! C’est tout à fait comme si j’avais obtenu le pastorat. »

Le sujet est ténu, mais avec son exécution sobre et précise, ce petit tableau d’une couleur suédoise caractérisée est tout à fait savoureux. Anne-Charlotte connaît à merveille les pauvres âmes féminines, à l’horizon rétréci, au caractère domestiqué. Sa Tante Malvina, dans une autre nouvelle du même volume, est une silhouette émouvante, une humble, une résignée, qui a un seul, un court moment de révolte pour avoir été trop blessée dans son amour maternel. L’Asile des Pauvres contient aussi de beaux portraits d’êtres écrasés par la vie.