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II

Les Suédois apprécièrent très fort les nouvelles d’Anne-Charlotte et, si ce n’est là une illusion de notre orgueil national, il semble qu’elles leur aient plu par ce qu’elles contenaient de qualités françaises. Ce mot peut paraître paradoxal, car les sujets traités sont très suédois, et tous les détails matériels soigneusement observés accentuent la couleur locale ; mais l’exécution ferme, l’esprit net et concret, semblent se rattacher à la famille latine. Ellen Key observe avec finesse, et non sans surprise, la nature d’Anne-Charlotte. Elle n’est ni rêveuse, ni mystique, les problèmes de l’au-delà ne la tourmentent guère. La vie, dans ses manifestations réelles, dans ses conflits visitées, retient surtout son attention.

« Elle ne tombe jamais, dit Ellen Key, dans ce monde des sensations inexprimables qui, pour bien des êtres d’imagination, est le monde véritable. Le cercle immédiat qu’elle peut observer de ses yeux, c’est là ce qui attache et retient son esprit. » Et cette tendance, chez nous si répandue, étonne singulièrement au pays où les plaines de neige sont sans cesse peuplées de fantômes. Et aussi la précision du style étonne dans la langue suédoise, qui souvent enveloppe la pensée de dra-