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connu ni l’amour, ni la maternité. Son mari, qui n’était pour elle qu’un père, ne lui donnait même pas la joie d’une intimité intellectuelle, puisque l’activité littéraire de sa femme, loin de l’intéresser, lui déplaisait. Le vide du cœur et du foyer étaient donc fort pénibles, et il faut pour le moins excuser la passion violente et partagée qu’Anne-Charlotte, au cours d’un voyage en Italie, conçut pour Pasquale del Pezzo, bientôt duc de Gajanello. C’était un homme aimable et bon, d’une vive intelligence. Il aima passionnément l’étrangère, et, sous le beau ciel de Naples, dans des jardins en fleur, lui fit entrevoir le rêve d’une existence nouvelle.

Anne-Charlotte demanda le divorce. Son mari se conduisit en galant homme, facilitant la rupture du lien. Libre, elle épousa le duc de Cajanello ; un enfant naquit bientôt, malgré les quarante ans de la mère, dont les cheveux blonds grisonnaient déjà. Et il n’y a rien d’aussi touchant dans les œuvres littéraires d’Anne-Charlotte que les hymnes de bonheur conjugal et maternel, qu’elle écrit de son balcon surplombant la mer bleue, et qu’elle envoie à ses amies de Suède.

Ce mariage, qui semblait paradoxal, créa l’union la plus parfaite :

« Jamais deux êtres ne se sont plus entièrement compris, écrit Anne-Charlotte ; tout sem-