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blait nous séparer : la race, la langue, l’éducation, le caractère… et cependant, rien ne nous sépare ! »

L’âge semblait aussi peu assorti, puisque le duc de Cajanello n’avait que trente ans. Mais, dit la duchesse d’Andria, qui a écrit sur Anne-Charlotte une intelligente et sympathique étude, « il suffisait de les voir ensemble pour comprendre qu’aucune difficulté, aucune barrière n’ait pu les empêcher de confondre leurs existences[1]. »

Il semble bien que le bonheur d’Anne-Charlotte ait atteint les limites permises à l’humanité. Au moment où elle croyait n’avoir plus devant elle que le déclin d’une vie grise, où elle s’était, avec un regret toujours inapaisé, faite à l’idée de n’avoir pas d’enfants, de vivre une vie purement intellectuelle dans son pays de froid et de neige, voici tout à la fois l’amour, l’enfant, les fleurs et le soleil !… Et voici en même temps un renouveau de notoriété littéraire, car dans sa patrie d’adoption la femme de lettres suédoise trouvait un chaleureux accueil. Non seulement le duc de Cajanello, apprenant la langue de sa femme, devenu bientôt familier avec la littérature Scandinave, devait traduire lui-même quelques-unes de ses œuvres, mais les critiques importants, le

  1. Préface de la duchesse d’Andria à un roman d’Anne-Charlotte Leffler, duchesse de Cajanello : Il Dubbio.