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ce que l’idée était dans l’air, mais à ce que les faits étaient innombrables, bien connus et attendaient l’idée. À partir de là, sa vie n’est plus que son travail, et sa mauvaise santé. En 1868, la Variation des plantes et des animaux à l’état domestique. En 1871, La Descendance de l’homme.

Il meurt en 1882. Il avait toujours été malade. Lui-même écrit : « Je ne passe jamais vingt-quatre heures sans me sentir mal à l’aise pendant plusieurs heures, et tout travail m’est alors impossible. » Il était grand, courbé, d’épaules étroites ; comme dit son fils, « actif plus que fort » ; il s’entourait de châles, s’asseyait sur des chaises très hautes où il empilait des coussins. Il travaillait surtout le matin ; l’après-midi, il sortait, lisait le journal, se faisait faire la lecture, fumait et jouait au trictrac. Il nous dit qu’il eut toujours l’esprit lent ; « il me semble que mon esprit est la proie d’une sorte de fatalité qui me fait établir en premier lieu mon exposé ou ma proposition sous une forme défectueuse ou maladroite ». Darwin en prenait son parti : il écrivait de premier jet et corrigeait ensuite, ou renonçait. Sur le tard, il s’affligeait de voir diminuer ou même disparaître ses goûts pour la poésie, la peinture et la musique. Il y a un paradoxe dans le personnage de Darwin : il