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DARWIN

PRINCIPES DE SÉLECTION


Considérons maintenant, en quelques lignes, la formation graduelle de nos races domestiques, soit qu’elles dérivent d’une seule espèce, soit qu’elles procèdent de plusieurs espèces voisines. On peut attribuer quelques effets à l’action directe et définie des conditions extérieures d’existence, quelques autres aux habitudes, mais il faudrait être bien hardi pour expliquer, par de telles causes, les différences qui existent entre le cheval de trait et le cheval de course, entre le lévrier et le limier, entre le pigeon messager et le pigeon culbutant. Un des caractères les plus remarquables de nos races domestiques, c’est que nous voyons chez elles des adaptations qui ne contribuent en rien au bien-être de l’animal ou de la plante, mais simplement à l’avantage ou au caprice de l’homme. Certaines variations utiles à l’homme se sont produites probablement soudainement, d’autres par degrés ; quelques naturalistes, par exemple, croient que le chardon à foulon armé de crochets, que ne peut remplacer aucun machine, est tout simplement une variété du Dipsacus sauvage ; or, cette transformation peut s’être manifestée dans un seul semis. Il en a été probablement ainsi pour le chien tournebroche ; on sait, tout au moins, que le mouton Ancona surgit d’une manière subite. Mais il faut, si l’on compare le cheval de trait et le cheval de course, le dromadaire et le chameau, les diverses races de moutons adaptées soit aux plaines cultivées, soit aux pâturages des montagnes, et dont la laine, suivant la race, est appropriée tantôt à un usage, tantôt à un autre ; si l’on compare