Aller au contenu

Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voilà des semaines et des semaines qu’on n’en parlait plus, mais Petitdemange n’oubliait pas. De tous ceux qui furent mêlés à l’affaire, personne, certes, n’aurait jamais imaginé qu’un cambriolage vieux de plusieurs mois, comme un vulgaire pommier se prolonge à terre par d’effrayantes ombres, la nuit tombante, projetât sur le destin du fiancé d’aussi terribles menaces. Et pourtant il vient d’être quasi assassiné. S’il était mort tout à fait, la nouvelle blonde inconsolable sait bien que, malgré la teinture de premier choix, elle fût redevenue grise du coup. Par bonheur (touchons du bois) la sœur-fantôme-chouette-poisson ne s’était point trompée dans ses heureux présages. Grand fut le péril. Qu’un homme ait pu y échapper suffirait à donner notion du miracle. Une secrète puissance protège Petitdemange, et le protégeant, la famille tout entière. Dans huit jours ne sera plus qu’un simple souvenir l’attentat où la mascotte à barbe manqua laisser sa peau, son poil blond, et le plus bel avenir. Tout de même, quelle émotion !

Le matin même on avait été informé, au Palais, de l’arrestation de Lucie, la petite femme de chambre, dans un hôtel du boulevard de la Chapelle, où, profitant du sommeil du garçon jardinier, son amant, qui la terrorisait, d’une main sûre et