Aller au contenu

Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le lendemain lorsqu’elle rendra compte de sa visite à l’hôpital, Amie commencera par avouer la crainte première d’un drame passionnel. Pensez donc si Petitdemange avait eu quelque liaison cachée. Mais non. Seulement son esprit battait la campagne. Sous le coup de l’émotion il délirait. L’infirmière n’arrivait pas à le faire taire. Tant mieux, d’un sens, car il a eu de ces trouvailles !

Se rappelant les rêves d’Amie, l’histoire de sa chouette-poisson, ne l’a-t-il point baptisée « son baromètre de l’au-delà ? » Et quelle diction. Malgré la fièvre, les mots s’arrangeaient selon une telle ordonnance que, sans exagérer, il y avait des moments où l’on aurait pu facilement se croire au Français, à une représentation d’Andromaque par exemple, quand Pyrrhus commence son discours au préambule fameux :

Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix.

Touchante et sublime évocation d’un juge horizontal sur son lit de souffrance, qui parle en prose aussi bien que feu Mounet-Sully en vers, et fait un récit à tirer des larmes aux plus durs, des épreuves qu’il a dû subir, fidèle à son devoir de justicier, à sa promesse de retrouver le bracelet en cheveux de l’Impératrice Eugénie.

Le bracelet en cheveux de l’Impératrice Eugénie,