Aller au contenu

Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans visage, ce marron azur se métamorphosera peu à peu en métal jaune. Ainsi, soit doublement loué celui qui, t’ayant opérée de ta virginité, te fit par surcroît don d’une valise à rêves. Tu voyages avec ton paradis, et chacun de tes jours a des heures en oasis d’immobilité.

Or, voici le moment de halte. Tu as marché par les rues de chair. Pour l’enfant qui devient femme, tu as parlé. Mais il est tard, mystérieuse. Tu es la passante. Il faut dire adieu. Demain tu repars pour tes brumes originelles. Dans une cité rouge et grise, tu auras une chambre sans couleur, aux murs d’argent, aux fenêtres ouvertes à même les nuages, dont tu es sœur. C’est en plein ciel qu’il faudra chercher l’ombre de ton visage, les gestes de tes doigts.

Les jambes écartées, une ville s’endort, nue sur la mer phosphorescente.