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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/184

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déchaussés dont je n’avais cessé, depuis l’âge nubile, d’user contre mes migraines. Votre poudre blanche, ma chère, vous redonne un de ces cœurs au ventre. Je m’explique le succès de ma nièce Cynthia… Encore une pincée…

Un beau matin, la Reine arrive affolée. Elle craint une descente de police. Où cacher ses munitions ? Amie a un éclair de génie. Au cimetière, sur la tombe du psychiâtre, se trouve une vasque au fond de laquelle un commissaire de police n’aura jamais l’idée de venir fouiller. Chaque jour, sous prétexte de prière, on ira se ravitailler.

Babylone, se lamentait un positiviste, de son vivant. Babylone, toujours Babylone, encore Babylone. Amie sourit en pensant que l’auteur de la théorie des actes-champignons, l’ennemi juré des toxicomanes, dans sa dernière demeure… Quand même, pour un mort, il n’est pas trop à plaindre. Chaque jour le visitent la Veuve et la Reine. Elles apportent des fleurs, les arrangent, tournent, virent et le gardien du cimetière qui les voit revenir toutes reniflantes, croit à des larmes et les cite en exemple de fidélité.

Du dortoir des morts, elles descendent au bistrot, à moins qu’elles n’aillent aux offices religieux, car la Reine qui a un fond de mysticisme explique :