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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/188

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un fleuve, moins précaire que la force d’Achille, sa fragilité n’offre nul but aux flèches des instants, au heurt des objets, aux sournoiseries des individus. Aussi, les hommes honteux d’un désir qui ne peut l’atteindre, s’écartent gonflés de balbutiements, sans que les femmes, auxquelles, pourtant, rien n’échappe de leur trouble, songent à salir, de leur jalousie, la passante.

Promeneuse qui ose regarder le ciel bien en face, ô toi pour qui les flammes de midi sont plus douces que les langues des lions, aux mains de Blandine, toi que ne ralentissent ni les tentations fraîches des portes, ni l’ombre acidulée des boutiques où l’on vend des glaces, ni le secours illusoire des pleurs, la foule multicolore baisse la tête et s’injurie de ne point retrouver, sur le sol, la couronne que tes pieds dessinent.

Feu follet au négatif, parmi les férocités d’un cirque de canicule, dans l’incendie d’été, indifférente aux braises de la soif, à la fumée des faims, tu volètes. Couronnée de paille naturelle, ta tête ne pèse pas plus à ton corps, que celui-ci, vêtu de toile bise, à tes chevilles. En ta personne tout se