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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/192

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étoiles, des planètes, de quel mystère suivent-elles les contours ? Autour d’elles, leur marche se met à creuser un vide, et voici que les plus prompts à se moquer déjà s’écartent, n’osant plus rire des invraisemblables falbalas de ces douairières. Sur les pavés impondérables elles seules savent naviguer. Le sol qu’elles effleurent devient plus léger qu’éther, et y tient si mal le passant qui les regarde, qu’il se demande comment font les nuages pour ne point tomber du ciel ; s’il suivait les vagabondes, ce serait son naufrage, car en lui n’est pas ce mystère d’audace et de mépris qui permet d’atteindre au point gratuit, liberté lumineuse dont n’approchent les péripatéticiennes qu’après les myriades d’épreuves galantes, de baisers vendus, de maladies reçues de gestes sans joies, de pleurs, de crimes.

Or, une femme qui ne s’est jamais tachée à la pourpre des rideaux d’Andrinople, et trop altière pour user de mots, de couleurs, aujourd’hui bouleverse la ville, plus incompréhensible qu’un diamant dont les feux ne supposeraient point de gigantesques forêts en flammes, un océan d’incendie sur la chevelure des arbres, et le travail, au long des siècles, des souterraines puissances.

Femme-enfant, vous irez jusqu’à la limite de l’ombre et du soleil. Là au seuil d’un paradis de