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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/193

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frissons et de loques, vous vous arrêterez, simple forme qui ne tenez ni au ciel ni à la terre et cependant servez de charnière à l’une et à l’autre, frêle tache dans le grand trou béant de la lumière. Négative et immatérielle, à seule fin de voir et juger sans être, vous-même, ni vue, ni jugée. Les filles, sur le pas de leurs chambres, déjà, ont pris honte de leurs lubricités, de plain-pied, de leur visage tout en bouche.

Depuis peu sur ce royaume criard, ces dames et leurs bariolages de chairs nues, de fards, de rubans et de cotonnades, régnait en mules violettes et jupon bayadère, une négresse. Si, d’aventure, quelqu’un passait son chemin, sans paraître se soucier du rire blanc de la souveraine ou des promesses bien rondes dans les peignoirs de ses vassales, Sa Majesté, de chacun de ses yeux, faisait un disque et, au signal fixé, ses sujettes et elle-même ramassaient forces pelures, noyaux, débris de légumes, épluchures et déchets dont leurs doigts sans préjugés composaient des projectiles pour un tir impitoyable dans le dos de l’indifférent. La victime se retournait mais la négresse, plus que jamais impératrice, soutenait son regard, retroussait ses lèvres pour un sourire éclatant, saisissait son cotillon à deux mains et, après une révérence de cour, allait