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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/49

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plus blanches peaux d’Europe, continueront d’étinceler diamants, saphirs, rubis et gemmes de toutes espèces.

Féerie multicolore, feu d’artifice des lignes courbes, multipliées à l’infini par les pendeloques des lustres, un Empereur et une Impératrice, qui voulaient profiter de leur reste, ont, eux-mêmes, en personne, ouvert le Bal.

Bien entendu, en dépit des joyeux flonflons, ils ne perdent rien de ce grand air un peu raide, à la fois signe et rançon de toute majesté terrestre. Frère et sœur en magnificence de ces éléphants, dont les bestiaires médiévaux prétendaient sans jointures les pattes (grâce à quoi, dès qu’on avait réussi à coucher le mastodonte, en sciant par exemple un arbre contre lequel il s’était endormi forcément debout, privé de tout secours de jarret, il devenait pour les chasseurs la plus facile des proies), les souverains, semblablement, sont d’un naturel par trop superbe pour tolérer qu’on puisse croire leurs jambes faites de plusieurs morceaux réunis par des charnières de chevilles, de genoux. Taillés d’une seule pièce, à même la plus précieuse des matières humaines, ils tournent, marionnettes que les chamarrures des décorations, les plaques de tous ordres, les diamants de la couronne, brocards