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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/78

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avec la chouette. Mais dans sa mansarde, l’oiseau de mauvais augure n’a point trouvé d’armoire où se percher, et, faute d’une tribune digne de celle dont était réincarné l’esprit, très vite a repris son essor et d’assez méchante humeur. Or l’âme défunte et volante, qui n’avait pu se nicher sous les combles, de descendre à l’étage de la grand-mère, non sans toutefois renouveler son costume. Débarrassée de son crêpe, plus subtile que reflet sur l’eau, éblouissante aux yeux de la dormeuse, elle est réapparue poisson féerique, parfaitement à son aise sur la glace qui lui servait d’étang.

Petit lac figé entre des berges de thuya et palissandre, le miroir soudain perd ses limites et, parce que se trouve révolu le temps des sinistres présages, l’héroïne d’un songe aquatique, tout simplement, à la bonne franquette se présente : « Je suis un goujon folichon ». Un ventre d’écailles blanches éclaire les eaux sereines et merveilleuses du songe. Rien de plus facile que d’interroger l’âme fraternelle devinée sous ce corset.

— Quel destin aujourd’hui t’a poussée à prendre cette apparence pour me visiter ?

— Je m’échappai d’un fleuve.

— De quel fleuve ?

— Le fleuve du bonheur.