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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/88

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jamais aux deux femmes dont Petitdemange est la proie visée, ce mystère, cette grâce, qui promettent à d’extraordinaires résurrections, les visages, les corps dédaigneusement impassibles dans leur exil du musée Grévin mais dont la cire est plus vivante que la vraie chair, la vraie peau de ces femmes qui respirent.

La grand-mère d’ailleurs très vite constate : Trop d’orgueil nous serait néfaste. Assieds-toi donc, tout bonnement dans cette bergère. Fais bouffer ton organdi. Rien de plus joli que ce volant jaune qui laisse deviner un dessin de toile de Jouy Parme. Prends cette rose entre le pouce et l’index de la main gauche. Dans la droite, un livre, mais vite, dépêchons-nous. J’entends une auto qui s’arrête. Ce doit être lui. Si on avait eu le temps, on aurait cherché le Musset. Tiens, voilà un Baedecker. Tout de même c’est assez poétique. Les voyages, l’Italie, Venise, la Méditerranée, la Sicile, oui, ça va, ça va. Regarde la fleur, respire le livre. Dieu, que je suis émue, la langue m’a fourché. Respire la fleur, regarde le livre. Je me sens plus troublée que s’il s’agissait de mon propre sort. Tu en as une chance. Souris, souris. Bonjour, cher ami. Bonjour, comment va ?

Petitdemange baise des mains.