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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/24

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tréteaux des foires. Alors, très vite, sonne l’heure d’une résignation à d’humbles mensonges. On cherche à faire passer pour d’innocentes fleurs de sagesse les produits de l’égoïsme. Heure de sécheresse. Règne de l’ersatz. En attendant la Révolution salutaire que ce spectacle si pitoyablement faux ne peut manquer d’amener, les créatures que n’a jamais animées le souffle de la liberté, et cependant en passe de ne plus pouvoir se satisfaire de leurs piètres conditions, sous le coup chaque jour de quelque mésaventure anecdotique, après tout un jeu compliqué d’aller et retour, de minutes agitées puis abattues, tentent encore de s’acharner à ne pas désespérer d’elles-mêmes, de leurs velléités, de leurs besoins. C’est à ce moment qu’un réconfort possible est cherché dans l’unité à tout prix. On entasse les détritus de conscience, on raboute des morceaux d’individus. Le tout assaisonné à la sauce poussière et tradition et allons-y de notre petite synthèse. L’être limite son existence, son pouvoir, pour être sûr de soi, oublier le mystère