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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/25

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et nier l’infini dont Louis Aragon fait si bien de nous annoncer la défense. Au vrai, prétendre se soumettre aux faits ne fut jamais que prétexte à un mode sournois de fortification. Une pensée qu’on a essayé depuis des siècles de traduire grossièrement par de nouveaux avantages immédiats a racorni, stupéfié l’individu. Il a voulu épargner ses jambes et ses heures, mais il a usé ses jambes et ses heures à chercher le moyen de les épargner. L’esprit avant sa naissance déjà avait été déclaré bien particulier. La Raison fut la pioche dont on lui apprit à se servir pour creuser sa niche à même ce qu’on appelait sans modestie culture, civilisation. Mais pas un propriétaire qui, dans sa mesquinerie, n’oubliât les avenues magnifiques du rêve. Entre les murs des écoles obligatoires, des casernes, des maisons de parlements, on prétendit enchaîner les vents de l’esprit. Des Bourses, des Chambres de députés étaient camouflées en temples grecs et les plis lourds et faussement classiques d’une pseudo-Antiquité cachaient ce soleil de soufre