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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/46

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point d’accord avec le monde extérieur, qu’il se refuse à suivre les contours des objets, des faits, ne sache en tirer aucun parti et même, le cas échéant, se refuse à en tirer aucun parti, voilà qui ne saurait être donné en preuve de. son mauvais état. Instruisant le procès de l’attitude réaliste, André Breton, dans le Manifeste du surréalisme, constate : « L’attitude réaliste inspirée du positivisme de saint Thomas à Anatole France m’a bien l’air hostile à tout essor intellectuel. Je l’ai en horreur, car elle est faite de haine et de plate suffisance. C’est elle qui engendre aujourd’hui les livres ridicules, les pièces insultantes. Elle se fortifie sans cesse dans les journaux et fait échec à la science, à l’art, en s’appliquant à flatter l’opinion dans ses goûts les plus bas : la clarté confinant à la sottise, la vie des chiens. L’activité des meilleurs esprits s’en ressent. La loi du moindre effort finit par s’imposer à eux comme aux autres. Une conséquence plaisante de cet état de choses, en littérature par exemple, est l’abondance de romans. Chacun y va de