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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/59

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et, parvenus à certaine altitude, privés des parapets séculaires, ont été pris d’une telle peur qu’ils n’ont osé marcher plus longtemps ni risquer davantage. D’où leur retour sournois déjà mentionné aux questions accessoires, à des problèmes de forme. Ils essaient de se rattraper aux branches secondaires, de dessiner des arabesques, d’oublier le fond pour la forme, de ne plus penser au pourquoi, mais au plus simple, au plus facile comment.

Qui donc d’ailleurs, durant les premiers lustres de ce siècle, eût prévu à coup de quel vigoureux questionnaire seraient poursuivis les romanciers, benoîtement réalistes ? Le premier qui leur fut porté fut celui de l’enquête menée au lendemain de la guerre, en 1919, par la revue Littérature qui osa demander aux pontifes : Pourquoi écrivez-vous ?

Voilà bien de quoi éberluer les plus brillants de la carrière des lettres. On fonçait droit sur leur somnolence, on n’acharnait contre leur routine, on secouait leur apathie