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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/63

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phénomènes, déjà, nous rendaient plus dignes du rêve absolu où un Kant put sentir son esprit s’amplifier en plein vertige nouménal.

Les remparts ont craqué, l’ombre de la mort à elle seule disjoint les plus lourdes pierres. « Visage perceur de murailles », explique le poète Paul Éluard, et de la planète minuscule nous partons pour le pays sans limite.

Des oiseaux alors s’allument en plein ciel, la terre tremble et la mer invente ses chansons nouvelles. Le cheval du rêve galope sur les nuages. La flore et la faune se métamorphosent. Le rideau du sommeil tombé sur l’ennui du vieux monde soudain se relève pour des surprises d’astres et de sable. Et nous regardons, vengés enfin des minutes lentes, des cœurs tièdes, des mains raisonnables.

Univers imprévu, quels océans peuvent jusqu’à ses bords mener les navigateurs du silence ? À cette question, Max Ernst a répondu par le nom trouvé pour le plus surprenant de ses tableaux : La Révolution la nuit.