Aller au contenu

Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La révolution la nuit. Nous savons que l’esprit attentif aux contours, docile aux objets, soumis à leur apparence ordinaire, comme on lui a si longtemps conseillé d’être, n’aurait pas de vie propre et même, à vrai dire, n’existerait pas. Ainsi l’homme libre dédaigneux de la conscience et de son joug aspire à la nuit, son bonheur, sa liberté. André Breton ne nous rapporte-t-il point, et non sans raison, dans le Manifeste du surréalisme, que Saint-Pol Roux avait écrit sur la porte de sa chambre à dormir, de sa chambre à rêver : « Le poète travaille. » Et ce travail n’a rien à voir avec les festons, astragales et petits mensonges multicolores qui décidaient Pascal à comparer les soi-disant poètes de son siècle à des brodeurs. L’ère des divertissements passée, qui donc se contenterait des pointes, jeux d’esprit dont tant n’acceptent le secours qu’accule fin d’éviter d’aller au centre même du débat ? Alors Ils se croient à l’aise et se réjouissent de se croire à l’aise fut-ce milieu même de la forteresse d’individualisme rationalo-positiviste où ils se sont réfugiés,