Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/110

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N’est correct, chic, distingué que ce qui a été, au préalable désexué.

D’où le costume masculin, tout en cylindres cachottiers.

Ma famille avait toujours peur de rater le train.

Aussi, dès mes cinq ans, pour la promenade dominicale au Bois de Boulogne me trouvai-je affublé d’un chapeau melon, d’un col dur, d’une cravate régate, d’un complet-veston de coupe anglaise et d’une canne en bois d’amourette.

Mais si la prétention balançait le grotesque dans cet accoutrement des jours fériés, le plus abominable défi à ce qui peut subsister d’innocemment animal et digne de jouissance, chez un petit de bourgeois, me fut porté, certain mardi-gras par ma mère, lorsqu’elle osa, au nom du réalisme, me déguiser en cocher de fiacre : sous un chapeau de cuir bouilli, c’était une trogne, son œuvre dont (et voilà bien le plus affreux de l’histoire) elle avait été chercher les violets, les lie-de-vin, dans une boîte d’aquarelle qu’elle-même m’avait donnée puis confisquée.

Or, rien ne m’avait, ne m’a jamais semblé aussi admirable que ce clavier de petits cubes, tous de couleurs différentes, mais d’une égale beauté dans leur diversité, puisque le marron