Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/115

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Mettre le génie dans sa vie, le talent dans son œuvre. Le génie dans la vie, entendez licence complète. Il y a contresens sur la liberté. Aller à contresens, c’est se cogner, se briser fatalement. Lafcadio sait que ça finira mal. Mais le masochisme double toujours le sadisme. Aussi, malgré ses qualités félines, est-il non le chat qui joue avec la souris, mais la souris qui joue avec le chat pour que le chat la griffe, la tue, la mange.

Les autres, inférieurs à Lafcadio, la glaise de leur médiocrité leur colle aux souliers, colle leurs souliers au sol. Ils ne s’en hâtent que davantage vers le châtiment. Si l’heure venue, ils ne s’effraient, ni ne se révoltent, c’est qu’ils acceptent que, dans leurs personnes, soit frappée une classe dont la conscience n’a de réveil fulgurant que pour éclairer le spectacle des injustices qui lui a permis d’être, de durer.

Ceux qui, des plus écœurants privilèges se sont trouvés les clavecins, tout ce qui les a pincés était si faux, que les voici, du fait même de leur situation favorisée, à jamais, complètement détraqués, machines à transformer les hypocrisies familiales en meurtres hasardeux.

À l’aube, avant la guillotine, ils refuseront le verre de rhum, mais entendront très pieusement la messe, puis, d’un cœur léger, monteront