Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/127

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mis les mains dans ses poches, et demandé à l’illusion béate de durer le plus longtemps possible.

À telle tactique les anciennes aristocraties ont dû de connaître le plaisir de vivre, dont M. de Talleyrand disait que ceux qui n’avaient pas vécu avant 1789 ne pouvaient s’en faire idée.

Plaisir de vivre à Versailles, misère de vivre par toute la France.

De ce prix se paie l’idéalisme, philosophie de luxe. Et d’abord le renoncement même est un luxe, car, à quoi, pourrait bien renoncer celui qui ne possède rien. Que soit nié l’objectif, méprisé l’objet, ce ne peut être qu’au bénéfice, à l’avantage du subjectif, de la sensation. Quant à ceux qui ont fui le siècle, dans leur austérité la plus frugale, il est facile de dénoncer une gourmandise assez sûre de soi pour accepter comme un hommage, à elle dû, la maturité des fruits. L’indifférence à la vie ne va point se préoccuper d’imaginer la graine, l’arbre, le fruit. Or il me paraît légitime d’accuser de niaise suffisance, en même temps que de boulimie, celui qui confond l’objet avec ce dont l’objet, du fait même de ses nourrissantes vertus, a été, en lui, l’occasion.

Diderot, Lénine n’ont d’ailleurs point manqué