Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de s’en prendre à cette affirmation du vieil idéaliste Berkeley : « L’objet et la sensation ne sont qu’une seule chose (are the same thing) et ne peuvent être abstraits l’un de l’autre. »

Cette certitude qui fut si longtemps à l’homme (à l’homme privilégié, s’entend) plus douce, que le mol oreiller du doute de Montaigne, parce qu’elle contredisait la mouvante vérité de l’évolution universelle, on sait à quels heurts catastrophiques elle a condamné ceux qui s’y obstinaient.

L’humano-idéaliste, s’il est de bonne, très bonne, la meilleure volonté, n’a rien d’autre à nous offrir que le spectacle de sa décrépitude.

Il se dit, il est peut-être l’homme sincère.

Alors, l’homme sincère n’est qu’un mannequin dont le carton-pâte lui vaut, grâce à de répugnantes peinturlures, de ressembler à l’écorché des cours de sciences naturelles élémentaires. Ça se démonte. Ça ne remue pas.

L’homme sincère est une entité aussi peu vivante que son prédécesseur l’homme normal.

Silhouette sans épaisseur sur un ciel vide, toutes ses contorsions, le premier souffle vivant les éparpille aux quatre coins de l’horizon.

Des scrupules sophistiqués, des démangeaisons