Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/65

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nos jours une dérisoire charité d’inspiration religieuse, offre aux chômeurs. Chaque miette se paie d’un cantique, et cela, au nom de Dieu, « ce complexe d’idées nées de l’assujettissement de l’homme à la nature affermissant cette oppression, assoupissant la lutte de classes » (Lénine).

Et ici, sans nous perdre dans des subtilités, constatons que le monde n’est devenu une telle cochonnerie que parce qu’il a été si bien, si totalement, empli de Dieu. Mais laissons la parole à André Breton :

« Parler de Dieu, penser à Dieu, c’est à tous égards, donner sa mesure. Et quand je dis cela, il est bien certain que cette idée, je ne la fais pas mienne, même pour la combattre. J’ai toujours parié contre Dieu et le peu que j’ai gagné au monde n’est, pour moi, que le résultat de ce pari, si dérisoire qu’en ait été l’enjeu (ma vie). J’ai conscience d’avoir pleinement gagné. Tout ce qu’il y a de chancelant, de louche, d’infâme, de souillant, de grotesque passe, pour moi, dans ce seul mot de Dieu. Dieu, chacun a vu un papillon, une grappe de raisin, une de ces écailles de fer-blanc, en forme de rectangle curviligne, comme les chaos des rues mal pavées en font tomber, le soir, de certains camions et qui ressemblent à des hosties retournées, retournées contre