Aller au contenu

Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’à Rome, elle ne s’est pas promenée au bord du Tage.

— Tu me tuerais que je répéterais jusqu’au dernier soupir : ma mère à Rome aimait à se promener au bord du Tage.

— Consulte un atlas.

— Non, je vais téléphoner à Pepo. »

Au Vel’d’hiv, la bonne femme, fière de se promener au bras de l’homme le mieux fait du monde, réussit bien vite à nous semer, mon camarade et moi. Nous allions tous deux la tête vide, ne sentant pas nos jambes, grisés d’une courbe soudaine sur la piste et déjà morte avant même que nos yeux l’eussent fixée. Fatigués de la pelouse, nous étions montés jusqu’au dernier étage où, dans une atmosphère de sueur, de gros vin, de charcuterie, des hommes, des femmes passent des jours et des nuits entières. Ils étaient là serrés, faisant une mosaïque de leurs curiosités, de leurs corps, de leurs haleines et de leurs enthousiasmes à chaque pédalée.