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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/118

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On a compté jusqu’à dix.

Le nègre salue. Il a gagné les vingt-cinq francs, la gloire.

On relève le petit.

Il tient mal sur ses jambes. Il s’essuie avec l’avant-bras pour un sourire. Mais ses lèvres obéissent mal. On dit qu’il pleure.

Bénies soyez larmes qui avouez la douleur. Une souffrance qui se dérobe m’irrite. Par sa faute j’imagine que toutes les expressions heureuses cachent du désespoir. J’ai le goût de la vérité. J’aime les spectacles où n’entre aucune fiction.

Lorsque je rencontre des êtres combinés, mon étonnement va jusqu’au désir de leur mort ou de la mienne. Je souffre d’eux. Et dans ma chair.

Ainsi je me suis senti vidé, je me suis vu tout bleu, le jour où visitant un dispensaire de syphilitiques, parmi tous ceux ou celles qui venaient se faire soigner après leur travail, je ne rencontrai que des visages et des