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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/130

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chacun de ses voisins et ils vous avoueront leur effroi devant de tels mots. C’est que les uns ont renoncé (sans parvenir à n’y plus penser) aux problèmes essentiels ; c’est que les autres ont essayé d’un arrangement provisoire (mettons humain) qui ne saurait les satisfaire. Je pense à cette phrase qu’un homme anxieux écrivit, réponse à des remarques désespérées : « Il y a beaucoup de grandeur dans un peu de vérité. »

Beaucoup de grandeur dans un peu de vérité ?

Pourquoi ? Si j’ai rêvé d’une solitude telle que je ne serais pas tenté, le soir venu, de chercher le contact illusoire d’une chaleur humaine c’est bien que ce « un peu de vérité », au cours de toutes mes tentatives quotidiennes, ne m’a jamais contenté. C’est lui au contraire qui a permis au mensonge (le mien et celui des autres) de tenir debout, car si la vérité n’est susceptible d’aucun alliage et, par conséquent, apparaît étrangère à un monde