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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/131

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où tout est fusion, le mensonge ne saurait être conçu à l’état pur, je veux dire sans ce « un peu de vérité » dont se contente notre aimable faiblesse. Ainsi, je ne vois point la possibilité d’un mensonge absolu non plus que d’une vérité relative.

Au reste, il faut reconnaître que, dès que la vérité dépasse ce « un peu », nous sommes éblouis et faussons à nouveau l’éclairage, tout comme, les jours de trop grand soleil, portons des verres fumés. Mais, dans la demi-obscurité où nous nous condamnons à vivre et nous nous croyons forcés de vivre, nous ne désirons que cet accident lumineux, qui déchire de haut en bas notre ennui et, par la douleur, réussit à nous donner sensation d’être.

Nos recherches sexuelles peuvent d’ailleurs elles-mêmes s’expliquer fort vraisemblablement par l’axiome : « La volupté est fonction de la douleur ». Mais, parce que nos corps et nos âmes ne sauraient doser ces jouissances qui,