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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/141

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meilleur élève, école Pigier, de sténographier en soixante secondes les cent mots qu’il me plaira de mettre en file, onduleux, rares et terribles.

Mais parlez-moi d’Amiel et de sa fameuse phrase. J’annonce : « L’immortalité en vingt syllabes » et sans même signaler l’existence du Journal, n’ai qu’à répéter : « Un paysage est un état d’âme », pour que personne n’ose me contredire. Exemple unique dans l’histoire des lettres. Seul, l’auteur de certain sonnet pourrait prétendre — mais de loin — à la même sorte de gloire. Or cette affirmation d’Amiel, des candidats nous la mettent cul par-dessus tête et c’est un saut périlleux, non moins périlleux et surtout non moins surprenant que celui qu’exécuterait par exemple un nouveau président de la République, en signe de joyeux avènement, devant l’assemblée dont il est l’élu, ou un généralissime en présence de toutes ses troupes réunies.

Paysage état d’âme. La Sorbonne, le jour