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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/149

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des prétextes valables. Comme serait plus réconfortant l’exhibitionnisme d’une sagesse aux apparences d’ordre. Et puis, un doute demeure. Je ne reconnais plus le corps de son ombre et me demande : est-ce l’homme que je me veux, me crois, me sens ou bien son double vide de conscience, mais apte à mimer tous les désirs, à exagérer leur douloureuse tentation ?

J’envie les géologues, hommes au cœur simple et qui ne doutent de rien, car du globe dont ils s’occupent ils ont réussi à faire une petite boule apprivoisée et démontable. Ils coupent la terre en deux et après cette petite opération nous offrent un moka idéal et saugrenu d’ères successives. Et le tour est joué. Le tour d’ailleurs a semblé si simple que nos psychologues durant des siècles s’y sont essayés. Peine perdue. Les éléments demeurent en fusion. La tranche de vie est un lambeau de brouillard tristement sanglant. Et toujours cette obsession : il