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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/150

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nous faut compter avec nos rêves.

Oui, nos rêves.

Cette petite fumée, après quoi s’acharne toujours notre course aux sécurités, soudain s’évapore et c’est à recommencer. Et nous cherchons un feu nouveau. Je pense à cette jarre qui dans un décor de ballet, tout près d’une maison, dont un de mes amis disait qu’elle devait abriter un sphinx, reste sur une scène vide, après le départ — enfin — des danseurs importuns. Allons-y de notre petit symbole. Les danseurs importuns, ce sont les divertissements quotidiens et qui ne gardent même point cette séduction pittoresque dont la qualité certes n’est pas grande, mais dont nous espérions qu’elle pourrait aider encore à quelque illusoire passe-temps. Mais le temps ne passe ni ne coule. Les danseurs sont partis et ont bien fait de partir. La jarre est seule sur la scène. Une fumée sort de la jarre. Me direz-vous qu’un bossu y est caché qui fume benoîtement sa pipe ?