Aller au contenu

Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mamelles. Je n’aime pas le mot sein dont la brusquerie convient si mal à ces surprises élastiques glissant langoureusement vers l’isthme du cou. De cet isthme, éventail de subtilités, des fibres s’épanouissent pour effleurer le plateau des épaules, les steppes du dos, les môles des mollets, les caps des coudes et des genoux, semblables à ces courbes qui marquent le passage des paquebots. Rocher en bec d’aigle, le menton assiste impassible aux tempêtes. La bouche est le gouffre où le plus voluptueux de notre chair a connu les doux naufrages et aussi les terribles tempêtes tout contre les rochers des dents.

Créature protégée par le dôme de mon amour, comme le plus beau pays par un ciel à l’arc bien tendu, créature éternellement présente, ton souvenir m’empêche d’aimer qui ne te ressemble pas.

Nu dans le soleil et si près d’être à jamais sauvé, c’est le réveil d’une chair pour qui la