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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/165

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Je pensais que des curiosités extérieures peut-être pourraient tenir mon attention en éveil. J’étais soldat, ce qui me permit de séduire assez facilement une fille qui pesait cent kilos. Ni plus ni moins. Je l’avais rencontrée dans un café. Elle m’avait invité à boire un anis del Oso. Elle expliquait : « Tu sais, petit, j’étais déjà belle fille, et puis j’ai eu la chance d’attraper l’albumine. ça m’a permis de prendre encore du poids. Veux-tu danser ? »

J’accepte.

Grâce à Dieu elle a gardé ses gants, et ma main échappe à l’écœurante fraternité. Je regarde notre couple. Si j’étais un esthète je serais heureux. Mes bras sont mêlés à ceux d’un monstre. Hélas ! je n’ai point le goût du pittoresque. Je préfère mon corps de pioupiou aux kilos de la poufiasse. Et cependant pour toucher ma curiosité, pour l’attiser, elle me fait des confidences. Je rougis. J’ai chaud. Elle essaie d’autres séductions. « Et puis tu