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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/166

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sais, moi aussi je suis une raffinée, une artiste. Je comprends tout. Je fais des poses plastiques à l’Olympia, oui, mon petit homme. Mon homme. » Et voilà qu’elle s’autorise du refrain à la mode pour me déclarer sien. Elle me serre, j’entends mon squelette qui craque. Cette femme devrait m’amuser, elle me dégoûte. Si je couche avec elle cette nuit, elle me dira :

« Tu ne m’embrasses pas aussi bien après qu’avant. » Et comme toujours durant les essais d’amour contre une chair anonyme, il faudra le secours de la parole. Et je me rappellerai pour les regretter certaines nuits où le geste suffisait. Pourtant je n’ai pas eu le courage de la solitude. Je me suis mis dans un lit avec la grosse femme. Bien entendu elle m’accusa de n’être pas dévoué au bonheur de son corps. Je me trouvais stupide à vouloir être méchant et lui dis que, si je n’entreprenais rien pour la joie de sa chair, c’est qu’intimidé par toute la masse qu’elle m’offrait, je ne savais à la vérité par