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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/167

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quel bout commencer. Elle était encore assez soûle pour devenir sentimentale après une telle réponse. Elle essaya de philosopher. L’amour, l’amour...

J’appuyai sur le bouton d’une poire électrique. La lumière se fit. Un avant-bras sur les yeux pour n’être point éblouie, ma conquête discourait.

La glace d’une méchante armoire m’envoyait l’image d’un jeune garçon tout nu, accroupi auprès d’une maritorne dont la chemise de tulle rose, remontée en tapon jusqu’au nombril, semblait salie de toute cette graisse qui ne s’était pas décidée à fondre une fois pour toutes.

Grâce à l’indulgence de cette glace, je m’aimais comme à douze ans, lorsque, ma famille couchée, j’allais dans la galerie, allumais les lustres et, par la complaisance des miroirs qui me multipliaient, jouissais d’un corps que mes mains aimaient à caresser sans d’ailleurs savoir de quelle