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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/169

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J’écartai les cent kilos, arrangeai le drap entre eux et moi, éteignis la lumière et, imitant le sommeil, me pris à réfléchir. D’abord je m’en voulus de n’avoir point trouvé ce bel oubli de l’âme assez rare pour que je le veuille appeler bonheur.

Mais de cet oubli, de ce bonheur, étais-je digne, moi qui avais commencé par chercher des mots, en réponse aux avances de cette lourde fille, à seule fin d’oublier la tristesse d’un endroit que je n’avais pas eu le courage de quitter, et où rien ne s’était offert de curieux hormis la monstresse, par qui — péché d’orgueil — je m’étais amusé à me faire enlever ?

Et au lit, si j’avais essayé de la bonté, ce qui, de ma chair, s’était dévoué, n’avait, à dire le vrai, point songé à son propre plaisir, mais au moyen d’imposer silence à cent kilos bavards, et finalement n’avait réussi qu’à parfaire un dégoût initial.

Or, maintes fois, parallèlement et lorsqu’il