Aller au contenu

Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

honnête. Ainsi ai-je appris à connaître l’art des saccades. Je choisis quelques mots dont je sais changer les proportions. Alors la volupté s’exprime à merveille. L’autre, bien à son travail, grogne d’aise. Je glousse en réponse et c’est à croire qu’au plus profond déferlent, écume en tête, les vagues de quelque grondant et souterrain mystère.

Les coquillages imitent bien le bruit de la mer.

Plages de peau, douces aux pieds, douces aux paumes, plages de peau que je ne me résigne point à quitter pour cette tempête dont les secrets ressorts me déchiquetteraient, m’ensanglanteraient et finalement me rejetteraient jouissant et moribond au rivage ; mais aurais-je jamais l’audace de me précipiter tête-bêche au sein de l’immense désordre ? J’ai attendu longtemps les yeux clos, docile à votre caresse plus douce d’être imprécise, plages de peau. Des coquillages, frères des oreilles, imitaient si bien, trop