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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/178

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comme des cheveux, et leurs yeux trop clairs.

L’un d’eux parle à la fille. La main de cet homme, elle doit avoir l’habitude des cordages jusqu’à leur ressembler. Je sais que la femme est docile à cette peau rugueuse. Elle s’y adapte. Ils ont l’air heureux. Je ne suis pas jaloux. Mais voilà que recommence l’histoire de tout à l’heure. Au même endroit, la même chaleur. L’homme et la fille s’embrassent. Les lèvres du marin doivent être si douces dans ce morceau carré de hâle.

Ma langue passe et repasse sur mes lèvres pour mieux imaginer ce que peuvent être des lèvres à des lèvres.

Pour la seconde fois, je m’arrête, ferme les yeux.

Mes mains de garçon qui n’est pas en avance pour son âge comprennent enfin. Une toile rude encourageait leurs maladresses et, malgré mes yeux fermés, je saurais bien de telle chemise si elle est bise ou blanche. Mais les larmes qui étaient tout à l’heure déjà